31
Christopher
Bradenton sortait à grand-peine de son délire, comme un homme qui se débat dans
des sables mouvants. Il avait mal partout. La peau de son visage lui semblait
étrangère, comme si on lui avait fait une douzaine de piqûres de silicone et qu’elle
eût gonflé comme un dirigeable. Sa gorge était à vif. Pire, elle semblait s’être
resserrée au point de n’être pas plus grosse que le canon d’un pistolet à air
comprimé. Il respirait en faisant siffler cet horrible petit tunnel qui le
maintenait en contact avec le reste du monde. Mais ce n’était pas suffisant et
il avait l’impression de se noyer. Surtout, il avait très chaud. Il ne se
souvenait pas d’avoir jamais eu aussi chaud, pas même deux ans plus tôt, lorsqu’il
avait accompagné à Los Angeles deux types recherchés par la police, des
activistes. La vieille Pontiac avait rendu l’âme sur la route 190, en plein
milieu de la Vallée de la Mort. Dieu qu’il faisait chaud. Mais cette fois, c’était
encore pire. Une chaleur qui venait de l’intérieur, comme s’il avait avalé le
soleil.
Il poussa un gémissement, essaya
de repousser ses couvertures, mais n’en eut pas la force. S’était-il mis au lit
tout seul ? Non, sans doute pas. Quelqu’un ou quelque chose avait été là
avec lui, dans la maison. Quelqu’un ou quelque chose… il aurait dû s’en
souvenir, mais il ne savait plus. Tout ce dont Bradenton se souvenait, c’est qu’il
avait eu peur avant de tomber malade, car il savait que quelqu’un (ou quelque
chose) allait venir et qu’il devrait… quoi ?
Il gémit à nouveau et fit rouler
sa tête sur l’oreiller. Il ne se souvenait que du délire. Des fantômes brûlants
aux yeux gluants. Sa mère était entrée dans cette chambre toute nue aux murs de
rondins, sa mère qui était morte en 1969, et elle lui avait parlé : Chris.
Oh Chris, je t’avais bien dit de ne pas fréquenter ces gens-là. Je ne connais
rien à la politique, mais ces types que tu fréquentes ils sont plus fous que
des chiens enragés, et ces filles, ce sont de vraies putes. Je te l’avais bien
dit, Chris… Puis son visage s’était fendu en deux, laissant s’échapper au
travers des fissures de sa peau jaunie comme un vieux parchemin une horde de
ces petites bêtes qui grouillent dans les tombes. Et il avait hurlé jusqu’à ce
que le noir retombe, et il avait entendu des cris confus, des claquements de
semelles, des gens qui couraient… il avait vu des lumières, des lumières
clignotantes, il avait senti l’odeur du gaz lacrymogène, il était à Chicago, en
1968, quelque part des voix hurlaient Le monde entier nous regarde ! Le
monde entier nous regarde ! Le monde entier… une fille était allongée
dans le caniveau à l’entrée du parc, en jeans, pieds nus, ses longs cheveux
pleins d’éclats de verre, son visage un masque luisant de sang noirci dans la
blancheur crue des lampadaires, le masque d’un insecte écrasé. Il l’avait aidée
à se remettre debout, mais elle avait poussé un hurlement et s’était blottie
contre lui, car un monstrueux extra-terrestre sortait du nuage de gaz, un
monstre en bottes noires, gilet pare-balles, masque à gaz sur les yeux, matraque
dans une main, grenade lacrymogène dans l’autre. Et lorsque le monstre avait
relevé son masque, révélant son visage flamboyant, grimaçant, ils avaient tous
les deux hurlé car c’était ce quelqu’un ou ce quelque chose qu’il attendait
tout à l’heure, l’homme dont Chris Bradenton avait toujours eu si peur. Le Marcheur.
Le hurlement de Bradenton avait déchiré le tissu de ce rêve comme un do fait éclater un verre de cristal, et il s’était retrouvé à Boulder, au Colorado
dans un appartement de Canyon Boulevard ; c’était l’été, il faisait chaud,
si chaud que, même dans son short minuscule, son corps ruisselait de sueur, et
devant lui, le plus beau garçon du monde, grand et bronzé, dans un mini-slip
jaune citron qui moule amoureusement les creux et les bosses de ses précieuses fesses
et, s’il se retourne, tu sais qu’il sera comme un ange de Raphaël, monté comme
l’étalon du cow-boy solitaire. Où l’as-tu ramassé ? À l’université, dans
une réunion sur le racisme, à la cafétéria ? Il faisait du stop ? Qu’est-ce
que ça peut faire ? Oh, il fait si chaud, mais il y a de l’eau, une carafe
d’eau, une amphore d’eau où se dessinent en bas-relief d’étranges motifs, à
côté la pilule, non… LA PILULE ! celle qui va l’envoyer dans ce monde que
cet ange en mini-slip jaune citron appelle le pays de Huxley, le pays où l’index
écrit sans bouger, le pays où les fleurs poussent sur les chênes desséchés, et
nom de Dieu, quelle érection gonfle ton short ! Chris Bradenton as-tu
jamais eu autant envie, as-tu jamais été aussi prêt pour l’amour ? Viens
te coucher, dis-tu à ce dos brun et lisse, viens te coucher. Fais-moi l’amour,
et je te ferai l’amour ensuite. Comme tu voudras. Et l’autre répond sans se
retourner : Prends d’abord ta pilule. On verra ensuite. Tu avales
la pilule, l’eau est fraîche dans ta gorge, peu à peu tout devient étrange, tout
bascule comme si la pièce n’avait plus aucun angle droit. Toujours un peu plus
ou un peu moins de quatre-vingt-dix degrés. Tu regardes le ventilateur posé sur
la commode bon marché, puis ton image dans le miroir qui déforme ton reflet. Ton
visage a l’air un peu noir et enflé, mais tu ne t’inquiètes pas, c’est
seulement la pilule, seulement LA PILULE ! Et tu murmures : Merde !
Le Grand Voyage, et j’ai tellement envie. Il se met à courir et au début tu
vois ses hanches lisses où l’élastique du slip fait une petite marque, très bas
puis tes yeux glissent sur son ventre plat et bronzé sur cette magnifique
poitrine sans un poil, sur ce cou où se dessinent de fins tendons, ce visage… et
c’est son visage que tu découvres. Ravagé, férocement joyeux, pas le
visage d’un ange de Raphaël, mais celui d’un démon de Goya, et dans chaque
orbite vide apparaît la tête triangulaire d’une vipère ; tu hurles et il s’approche
de toi, il murmure : Le Voyage, mon minet, le Grand Voyage…
Puis c’est le brouillard, des
visages et des voix dont il ne se souvient pas, et c’est ici qu’il refait surface
dans la petite maison qu’il a construite de ses propres mains à la sortie de
Mountain City. Car les temps ont changé, et la longue vague de révolte qui
avait engouffré le pays s’est depuis longtemps retirée, les jeunes Turcs sont
maintenant presque tous de vieux canassons aux barbes poivre et sel, la cloison
nasale trouée par la coke, joli dégât, petit. Le garçon au slip jaune est
depuis longtemps parti, et lui, Chris Bradenton, est encore un enfant ou
presque.
Est-ce que je suis en train de
crever ?
L’horreur de cette idée, la
chaleur qui tourbillonne dans sa tête comme une tempête de sable. Tout à coup, sa
respiration courte et saccadée s’arrêta tandis qu’un bruit montait derrière la
porte de la chambre.
Au début, Bradenton pensa que c’était
une sirène, les pompiers ou la police. Le bruit se rapprochait, de plus en plus
fort ; et il pouvait entendre des pas lourds dans le couloir, dans le
salon, des pas qui montaient l’escalier en pilonnant les marches.
Il se redressa sur son oreiller, le
visage déformé par un rictus de terreur, les yeux écarquillés, dessinant des
cercles dans son visage noirci, enflé. Le bruit se rapprochait. Ce n’était plus
une sirène, mais un hurlement aigu, un hululement, un cri qui ne pouvait sortir
d’aucune gorge humaine, le cri d’un animal fabuleux ou de quelque noir Charon
qui venait lui faire traverser la rivière, l’emmener au pays des morts.
Les pas s’approchaient droit vers
lui, rapides, les bottes usées faisaient gémir, craquer et protester sous leur
poids le plancher du couloir, derrière sa porte, et tout à coup Chris Bradenton
sut qui était là ; il poussa un cri perçant quand la porte s’ouvrit
violemment quand l’homme aux jeans délavés se précipita à l’intérieur, son
sourire assassin déchirant son visage comme une gerbe de poignards, son visa-ge
enjoué comme celui d’un Père Noël en folie, un seau de tôle galvanisée sur son
épaule droite.
– YAAAAAOOOOOOUUUUUUUUUU !
– Non ! hurla Bradenton
en se couvrant le visage avec ses bras. Non ! Non… !
Le seau bascula et l’eau tomba, un
instant suspendue dans la lumière jaune de la lampe, comme le plus gros diamant
brut de l’univers, et au travers il vit le visage de l’homme noir, ce visage
qui se réfléchissait en mille facettes, diable grimaçant juste sorti des
entrailles les plus sombres et puantes de l’enfer pour ravager la terre ; puis
l’eau tomba sur lui, si froide que sa gorge enflée s’ouvrit toute grande un
instant, faisant perler de grosses gouttes de sang sur ses parois, vidant ses
poumons d’un seul coup, secouant son corps d’un énorme spasme qui envoya voler
les couvertures au pied du lit, son corps qui se cassa en deux, se tordit, secoué
par ces effroyables crampes qui le fouettaient, le mordaient comme des lévriers
lancés en pleine course.
Il hurla, hurla encore. Puis il
resta là, tremblant, son corps fiévreux trempé de la tête aux pieds, les tempes
battantes, les yeux exorbités. Sa gorge à vif se referma et désespérément il
essaya de retrouver son souffle. Il frissonnait, tremblait de tous ses membres.
– Je savais que ça te
rafraîchirait ! dit joyeusement l’homme qu’il connaissait sous le nom de Richard
Fry en posant le seau par terre. Je savais que ça te ferait du bien, grand chef !
Tu peux me remercier, mon bonhomme, tu peux me remercier de m’occuper de toi. Tu
me dis merci ? Tu peux pas parler ? Non ? Ça fait rien, je sais
que tu me dis merci dans le fond de ton cœur. Yaaaa-oouuuuuuuuu !
Il bondit comme Bruce Lee dans un
film de kung-fu, genoux écartés, un instant suspendu juste au-dessus de Chris
Bradenton, comme l’eau tout à l’heure, son ombre comme une grosse tache sur le
pyjama trempé de Bradenton, et Bradenton poussa un hurlement sans force. Puis
les deux genoux retombèrent des deux côtés de sa cage thoracique et l’entrejambe
des jeans de Richard Fry s’immobilisa à quelques centimètres de sa poitrine, comme
une fourche, ses yeux de braise braqués sur Bradenton comme deux torches
perçant l’obscurité d’un donjon dans un roman d’épouvante.
– Fallait que je te réveille
mon vieux. Je voulais pas que tu te fasses la malle sans qu’on ait pu se parler.
– Pousse… toi… pousse… toi…
– Mais je suis pas sur toi, qu’est-ce que tu racontes ! Je suis suspendu au-dessus de toi. Comme
le grand monde invisible.
Terrorisé, Bradenton haletait, roulait
les yeux, essayait de ne plus voir ce visage enjoué, menaçant.
– Faut qu’on se cause, mon
vieux. Tu dois me donner des papiers, une voiture et les clés de la voiture. Tout
ce que je vois dans ton garage, c’est une camionnette Chevrolet, et je sais qu’elle
est à toi, mon minet. Alors, qu’est-ce que t’en dis ?
–… les… papiers… peux pas… parler…
Il respirait avec un bruit de
vieille pompe. Ses dents claquaient comme des castagnettes.
– T’as intérêt à parler, dit
Fry en montrant ses deux pouces.
Il les remua en leur faisant
prendre des angles qui semblaient défier les lois de la biologie et de la
physique.
– Parce que si tu peux pas, je
vais être obligé de t’arracher les mirettes et il faudra que tu apprennes à
trottiner en enfer avec un petit chien pour trouver ton chemin.
Il enfonça les pouces dans les
yeux de Bradenton qui s’écrasa sur son oreiller, secoué par un spasme de
douleur.
– Tu causes, et je te donne
des pilules. Même, je vais te tenir la tête pour te les faire avaler. Tu vas te
sentir mieux. Des pilules qui vont tout arranger, tu vas voir.
Bradenton, qui maintenant
tremblait autant de peur que de froid, essayait de parler entre deux
claquements de dents.
– Papiers… au nom… Randall
Flagg… commode… en bas.
– La voiture ?
Bradenton essayait désespérément
de réfléchir. Avait-il trouvé une voiture pour ce type ? C’était si loin, de
l’autre côté de l’enfer du délire, et le délire semblait lui avoir bousillé la
cervelle, brûlé des circuits de mémoire. Des pans entiers de son passé n’étaient
plus qu’un amas de fils fumants, de relais noircis. Au lieu de la voiture que
voulait le monstre, ce fut une image de sa première voiture qui lui vint à l’esprit,
une Studebaker 53 qu’il avait peinte en rose, avec un nez de fusée.
Délicatement, Fry posa une main
sur la bouche de Bradenton et, de l’autre, lui pinça les narines. Bradenton
lança une ruade. La main de Fry laissait passer un curieux gargouillis. Fry
retira ses deux mains.
– Tu te souviens mieux, maintenant ?
Étrangement, c’était
effectivement le cas.
– La… voiture…
Il s’arrêta, haletant comme un
chien. Le monde se mit à chavirer puis se stabilisa, et il put continuer.
– Derrière… la station… service…
à la sortie… route 51.
– Au nord ou au sud ?
– Su… su…
– C’est ça, su ! J’ai
compris. Continue, mon gars.
– Une… bâche. Bui… Bui… Buick.
Papiers sur le volant. Au nom… Randall Flagg.
Il s’arrêta, épuisé, incapable d’en
dire plus, regardant Fry avec des yeux remplis d’un pauvre espoir.
– Les clés…
– Sous… le tapis. Sous…
Bradenton ne put en dire plus car
Fry pesait de tout son poids sur sa poitrine. Fry s’installa commodément, comme
sur un gros coussin moelleux, et tout à coup Bradenton sentit ses poumons se
vider.
Il expulsa ce qu’il lui restait d’air
en prononçant un seul mot :
–… piiiiii-tiééé…
– Merci beaucoup, dit
Richard Fry/Randall Flagg avec un sourire très correct. Dis-moi au revoir, Chris.
Incapable de parler, Chris
Bradenton ne put que montrer le blanc de ses yeux dans ses orbites gonflées.
– Faut pas m’en vouloir, dit
l’homme noir d’une voix douce. C’est qu’il faut se dépêcher maintenant. Le
carnaval commence tôt cette année. Et on ouvre tous les manèges, tous les jeux
de massacre, toutes les roues de loterie. C’est mon soir de veine, Chris. Je le
sens. Je le sens très bien. Alors, pas de temps à perdre.
La
station-service était à trois kilomètres. Il était trois heures et quart du
matin lorsqu’il y arriva. Le vent avait un peu monté et hurlait doucement dans
la rue. En chemin, il avait vu les cadavres de trois chiens et d’un homme. L’homme
portait une sorte d’uniforme. Dans le ciel, les étoiles brillaient, dures et
glacées, étincelles arrachées à la carapace de l’univers.
La bâche qui recouvrait la Buick
était fixée au sol par des piquets. Le vent faisait battre la toile. Quand
Flagg arracha les piquets, la bâche s’envola en cabriolant dans la nuit, comme
un gros fantôme brun, en direction de l’est. Et lui, où s’en allait-il ?
Il était debout à côté de la
Buick une 75 en très bon état (climat exceptionnel pour les voitures, par ici :
pas d’humidité, pas de rouille), flairant la nuit d’été comme un coyote. Une
odeur de désert, le genre d’odeur qu’on ne perçoit bien que la nuit. La Buick
était seule intacte dans ce cimetière de voitures, île de Pâques dont les monolithes
se dressaient dans le silence que seul troublait le vent. Un bloc-moteur. Un essieu,
comme les haltères d’un Monsieur Muscle de banlieue. Un tas de pneus où le vent
jouait à pousser des cris de chouette. Un pare-brise zébré de fissures. D’autres
épaves.
C’est dans ces paysages qu’il réfléchissait
le mieux. Dans des paysages comme celui-ci, n’importe qui pouvait devenir Iago.
Il s’éloigna de la Buick et
caressa le capot défoncé de ce qui avait peut-être été une Mustang.
– Eh, petite Cobra, sais-tu
qu’on va les crever tous ? chanta-t-il tout doucement.
D’un coup de pied, il renversa un
radiateur crevé découvrant un nid de joyaux qui scintillaient faiblement d’un
feu tranquille. Rubis, émeraudes, perles grosses comme des œufs d’oie, diamants
comme des étoiles. Il fit claquer ses doigts. Ils avaient disparu. Et lui,
où allait-il ?
Le vent gémit en entrant par la
vitre cassée d’une vieille Plymouth et des petites choses vivantes s’agitèrent
à l’intérieur.
Quelque chose d’autre s’agita
derrière lui. Il se retourna, et c’était Chris Bradenton, dans un absurde slip
jaune citron, son ventre de poète débordant par-dessus l’élastique, comme une
avalanche figée en plein élan. Bradenton s’avançait vers lui en marchant sur
les débris d’une carcasse de voiture. Une lame de ressort lui transperça le
pied, comme dans une crucifixion, mais la blessure ne saigna pas. Le nombril de
Bradenton était un œil sombre.
L’homme noir fit claquer ses
doigts, et Bradenton s’évanouit.
Il revint à la Buick avec un
large sourire, posa le front sur la tôle du toit, du côté du passager. Le temps
passa. Puis il se redressa, toujours souriant. Il savait.
Il se glissa derrière le volant
de la Buick, appuya plusieurs fois sur l’accélérateur, tourna la clé de contact.
Le moteur se mit aussitôt à ronronner et l’aiguille de la jauge d’essence
bascula à droite. Il recula, puis contourna la station-service, les pinceaux de
ses phares accrochant un instant une autre paire d’émeraudes, les yeux inquiets
d’un chat au milieu des mauvaises herbes, devant la porte des toilettes des
femmes. Dans la gueule du chat, le petit corps inerte d’une souris. Quand il
vit ce visage lunaire, grimaçant, qui le regardait par la fenêtre du conducteur,
le chat laissa tomber sa proie et s’enfuit. Flagg éclata de rire, un rire
joyeux, celui d’un homme qui n’a pas de soucis en tête, mais des projets. Et, lorsque
le bitume de la piste de la station-service se confondit avec celui de la route,
il tourna à droite et se mit à rouler, en direction du sud.